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En bref : • Ferrari lance la F76, sa première hypercar exclusivement virtuelle sous forme de NFT, marquant un virage radical pour une marque traditionnellement axée sur les performances tangibles. • Conçue par Flavio Manzoni, cette voiture numérique utilise le design génératif et s'adresse aux membres du programme exclusif Hyperclub qui pourront la personnaliser et l'exposer dans le métavers. • Ce projet risqué survient dans un contexte où d'autres marques automobiles comme Porsche ont connu des échecs dans leurs initiatives NFT, avec des valeurs qui s'effondrent après l'engouement initial. • Estimée entre 20 000 et 100 000 dollars, la F76 pose la question de l'attachement émotionnel que peut susciter un produit Ferrari totalement dématérialisé auprès des passionnés d'automobile. |
Ferrari F76 : La voiture virtuelle qui secoue les traditions
Quelques jours après une grosse chute à la Bourse suite à la présentation de sa première voiture électrique, Ferrari s’attaque au marché des NFT. L’engouement pour le numérique pourrait bien redessiner les frontières de l’automobile. Mais, concrètement, que nous réserve cette aventure ?
Une première pour Ferrari
Ferrari, toujours à la croisée des chemins entre tradition et innovation, fait un saut inédit dans le monde virtuel. Avec la F76, sa première hypercar exclusivement dédiée à l’univers des NFT, Ferrari transforme son image. Ce ne sont plus des voitures que la marque vend, mais des objets de collection uniques, certifiés et totalement dématérialisés. Un virage à 180 degrés, pour un constructeur dont la réputation repose sur la performance matérielle et tangible depuis 1947.
Le nom F76 est savamment choisi : il évoque les 76 ans qui séparent cette création numérique du premier succès historique aux 24 Heures du Mans, où Luigi Chinetti et Lord Selsdon avaient triomphé sur une 166 MM. L’objectif est clair : marquer cette innovation dans l’esprit collectif autour du célèbre cheval cabré.

Mais la F76 ne rugira jamais sur une piste. Non, elle existe uniquement en pixels, dans un univers NFT qui s’adresse aux membres exclusifs du programme Hyperclub. Ces privilégiés pourront personnaliser leur véhicule virtuel à travers divers « drops », pour l’exposer dans le métavers. Bienvenue dans un monde quelque peu déconcertant, non ?
Un manifeste de design… sans moteur
Imaginée par le Centre de style Ferrari, sous la direction de Flavio Manzoni, la F76 se veut un véritable « manifeste de design ». Sa silhouette, avec son double fuselage et ses lignes fluides, exprime l’élégance et l’aérodynamisme… mais sur un écran !
La marque met en avant l’usage du design génératif, une technique où des formes émergent grâce à des algorithmes. C’est une fusion raffinée entre ingénierie et art numérique, conçue pour séduire les férus de technologie. Toutefois, cela soulève des questions quant à la frontière entre l’art et le marketing. Car, derrière cette ambition conceptuelle, la F76 demeure une simple œuvre numérique, un spectacle à admirer sur un écran, mais inutilisable sur la route.

Une Ferrari sans rugissement
À l’opposé de la 499P qui s’illustre sous le crin des moteurs au Mans, la F76 insiste sur l’absence de son, de chaleur et de vibrations. Seule une image, aussi somptueuse soit-elle, nous attend. Avec cette approche, Ferrari semble commercer une idée plus qu’un objet physique.
Pour certains, c’est une modernité bienvenue, s’adaptant à un luxe digital où les NFT symbolisent la rareté. D’autres, cependant, perçoivent cette évolution comme une dilution de son héritage glorieux : Ferrari, bastion du tangible, tournerait la page à la passion mécanique pour embrasser une vision virtuelle. Ces doutes sont tout sauf infondés.
Le contexte des NFT : entre espoir et désillusions
Si Ferrari plonge dans l’univers des NFT, elle n’est pas la pionnière dans le secteur. Des géants comme Porsche ont déjà essuyé les plâtres de l’aventure. En 2023, la marque allemande avait proposé une série de 7 500 NFT inspirés de la 911, qui ont vite fait parler d’eux… mais pas dans le bon sens. Cette initiative s’est soldée par un échec, entraînant des critiques acerbes et des ventes quasi inexistantes.
Ce phénomène n’est pas isolé. D’autres marques comme Lamborghini et Nike ont aussi rencontré des obstacles similaires, avec des hausses initiales suivies d’effondrements dans les transactions. Même des projets frappants comme les Bored Ape Yacht Club ont connu de fortes baisses de valeurs.

Dans cet univers mouvant, l’avenir d’un NFT repose moins sur sa technique que sur l’attachement émotionnel qu’il suscite. Sans utilité concrète, il peut rapidement devenir qu’un fichier sans valeur. Ainsi, le pari de Ferrari avec la F76 est risqué. Elle jouit certes d’un prestige inégalé et d’une clientèle fidèle, mais devra démontrer que cette hypercar numérique n’est pas juste une autre curiosité digitale.
Conclusion
La F76 pourrait bien se vendre entre 20 000 et 100 000 dollars. Mais au-delà du prix, une question persiste : cette démarche peut-elle vraiment séduire des passionnés de Ferrari, d’objets concrets et de performances ? La curiosité digitale finira-t-elle par l’emporter sur l’émotion palpable ?

Je m’appelle Christian Robillard, passionné de véhicules électriques. J’ai toujours aimé l’innovation, mais ce qui me fascine, c’est comment une batterie peut révolutionner nos trajets. L’électrique, c’est un monde à explorer.

